Janick Auberger

Projets de recherche et/ou de recherche-création en cours

• Les Guerres Gothiques de Procope

  Ce projet veut apporter un regard renouvelé sur le 6e siècle après J.-C. en étudiant une source privilégiée pour cette période, l'¿uvre de Procope de Césarée. Je vais proposer le commentaire de 4 livres de son ¿uvre, les livres consacrés aux Guerres Gothiques. Je vais par là même approfondir la connaissance que nous avons des événements si complexes de ces guerres justiniennes contre les Goths du front occidental, et le regard historiographique que nous pouvons jeter sur la manière d'écrire l'histoire au 6e siècle, de la part d'un auteur dont l'écriture fait couler beaucoup d'encre.

• La trilogie méditerranéenne, mythe ou réalité ? CRSH Ce qu'on appelle la triade méditerranéenne est ce trio « Pain, Vin, Huile d'olive » qui est censé être à la base de la production et du régime alimentaire des Grecs anciens, grands agriculteurs et arboriculteurs, fiers de ces trois productions placées sous le parrainage et la protection de trois grands dieux olympiens, Déméter pour les céréales, Dionysos pour le vin et Athéna pour la culture de l'olive. Cette fierté les amène à revendiquer ces spécialités, laissant aux autres peuples, les « Barbares », les produits de leurs troupeaux et une alimentation restée celle de pasteurs/éleveurs. Dans la littérature grecque, les Barbares ignorent le vin mais boivent de la bière, produit de l'orge, céréale peu valorisée. Ils ignorent l'olive et doivent se contenter de matières grasses animales qui répugnent aux Grecs (beurre, saindoux). Et les Grecs se disent depuis Homère des « Mangeurs de pain », spécificité qu'ils refusent souvent aux autres peuples. Cette recherche entend vérifier ce constat répété à l'envi depuis l'Antiquité et, peut-être, casser ce qui tient peut-être plus du mythe que de la réalité. En effet il est trop simple d'imaginer des Grecs agriculteurs face à des Barbares pasteurs. Les recherches archéologiques, archéozoologiques et paléobotaniques mettent de plus en plus en évidence l'importance de l'élevage en Grèce qui, hier comme aujourd'hui, était peuplée de chèvres et de moutons. L'étude des zones rurales le confirme et nos propres recherches ont déjà insisté sur l'importance des produits laitiers, source inestimable de protéines dans une société qui ne mange guère de viande. L'important est donc de constater que les Grecs ont voulu donner cette image d'eux-mêmes, celle d'un peuple d'agriculteurs sédentaires, vivant en cités, ayant rompu avec la vie pastorale du temps passé, quand le pastoralisme était encore lié à l'aristocratie comme aux temps homériques où la richesse des rois se mesurait en troupeaux. Cette vie du passé, ils la laissent désormais aux Barbares. Eux se veulent plus « évolués » et ils se présentent comme les uniques producteurs de cette triade raffinée, produit du travail des hommes, qui devient pour eux un « marqueur identitaire » face aux autres peuples.

• Traduction commentée des Babyloniaca de Bérose. Bérose, un clerc babylonien, dédicaça ses Babyloniaca au roi séleucide Antiochos I (281-261 avant J.-C.). Cette oeuvre n'est aujourd'hui accessible que par fragments cités par des auteurs anciens, en particulier Flavius Josèphe. La seule monographie sur Bérose en français date de 1871 et est aujourd'hui désuète. On l'a longtemps considéré comme un Babylonien qui s'applique à inventer des histoires pour divertir un auditoire grec, mais la publication de textes cunéiformes d'époque hellénistique s'est considérablement accrue ces dernières années, et notre connaissance de la civilisation babylonienne considérablement enrichie. Son oeuvre semble beaucoup mieux ancrée que l'on pensait dans la culture de l'élite babylonienne de l'époque hellénistique. Elle a suscité l'intérêt depuis l'Antiquité, surtout des chronographes et des pères de l'Église qui y cherchaient une confirmation des récits bibliques. Il serait temps que le travail conjugué d'une hellénistique et d'un assyriologue (P.-A. Beaulieu) livre en français le travail du seul Babylonien à avoir écrit en langue grecque.