Jean Revez

Cheminement académique

Jean Revez est professeur au département d'histoire de l'Université du Québec à Montréal (UQÀM) depuis 2007, où il enseigne l'histoire et la civilisation de l'Égypte ancienne et du Proche-Orient ancien. Détenteur d'un baccalauréat de l'Université Concordia (Liberal Arts College/histoire), Jean Revez à complété ses études doctorales en égyptologie à l'Université Paris-IV Sorbonne et l'Université de Heidelberg, tout en participant à plusieurs missions archéologiques et épigraphiques sur le terrain (Centre franco-Égyptien d'étude des temples de Karnak, Akhenaten Temple Project). Boursier postdoctoral du Fonds québécois de la recherche en société et culture (FRQSC), puis du Conseil de recherches en sciences humaines du Canada (CRSH), il a intégré le Groupe de recherches en conception assistée par ordinateur (GRCAO) de l'Université de Montréal, institution dans laquelle il a été aussi chercheur invité au département d'histoire.

Spécialiste de l'Égypte pharaonique, ses champs de spécialisation couvrent l'idéologie royale à travers la terminologie de la parenté, les rapports culturels de l'Égypte avec la Nubie, et l'apport de la technologie à l'épigraphie égyptienne dans les monuments pharaoniques, notamment le temple d'Amon-Rê à Karnak. Il est co-directeur de la mission UQÀM-University of Memphis à Karnak depuis 2011, dont l'objectif est d'étudier et de publier les scènes qui ornent les quelques 130 colonnes érigées dans la Grande Salle Hypostyle du temple d'Amon-Rê à Karnak, et de remonter la salle, en partie effondrée, à l'aide de la photogrammétrie.


Depuis son engagement à l'UQÀM, Jean Revez a mis en place des cours de langues anciennes (notamment d'égyptien hiéroglyphique) et tissé des liens plus étroits avec des centres de recherches égyptologiques en Europe et aux États-Unis, dans le but de favoriser les études aux cycles supérieurs. Membre du conseil d'administration de la Société pour l'Étude de l'Égypte ancienne (SEEA) et de l'Association des études du Proche-Orient ancien (AEPOA) depuis près de vingt ans, il oeuvre pour le développement au Québec de l'intérêt pour l'Égypte pharaonique et l'Antiquité proche-orientale.

Projets de recherche et/ou de recherche-création en cours

• Contribution de l'outil informatique à la documentation, l'interprétation et la restitution de la pensée religieuse de l'Égypte pharaonique : le cas de la grande salle hypostyle de Karnak (CRSH - Subvention Savoir, 2015 - 2021 ; 230 907 $)

  La grande salle hypostyle du temple d'Amon-Rê à Karnak, un monument égyptien inscrit sur la liste du patrimoine mondial de l'UNESCO, incarne par son caractère grandiose la force des croyances religieuses et le savoir-faire des architectes de l'époque pharaonique. Bien que faisant partie du complexe religieux le plus important du Nouvel Empire (1580-1069 avant J.-C.) et représentant aujourd'hui sans aucun doute un fleuron du tourisme égyptien, cette salle d'une superficie de 102 mètres sur 53 mètres n'avait jamais fait l'objet d'un relevé et d'une étude complètes jusqu'à récemment. Depuis 2010, grâce en particulier à une subvention ordinaire de recherche octroyée généreusement par le CRSH au chercheur principal de la présente demande (pour laquelle il a obtenu une nomination pour le prix Aurore), des avancées très significatives ont été faites, dans le cadre d'un projet mené en étroite collaboration avec des partenaires institutionnels internationaux. Au terme notamment de deux missions épigraphiques conduites conjointement sur le terrain par l'UQAM et l'Université de Memphis, nous sommes aujourd'hui en mesure: (1) de bénéficier d'une lecture très nettement améliorée des innombrables inscriptions qui ornent les 134 colonnes de la salle, dont certaines atteignent 20m de hauteur, grâce au concours inestimable de la photogrammétrie et aux conditions idéales de collationnement des textes sur place; (2) d'établir une chronologie beaucoup plus fine et détaillée des états successifs de décoration de ces colonnes; (3) de saisir avec beaucoup plus d'acuité l'agencement spatial du répertoire des inscriptions dans son ensemble, et d'établir un rapport entre le décor des colonnes et celui des monuments à proximité. Malgré ces percées décisives, le collationnement et l'étude méticuleuse des quelques 400 scènes principales et des légendes qui les accompagnent, situées à mi-hauteur des colonnes, reste encore à faire, faute d'avoir pu compter jusqu'à présent sur des moyens technologiques adéquats permettant d'en faire le relevé. Heureusement, à la suite de tests concluants effectués lors de notre mission de 2013 à Karnak, il nous a été permis d'exploiter avantageusement la technique de l'orthophotographie (un processus par lequel toutes les photos numérisées et géoréférencées d'une même et seule colonne sont assemblées pour former une mosaïque d'images qui est ensuite déroulée à plat), rendant possible dorénavant de surmonter les contraintes liées aux relevés de ces représentations iconographiques, particulièrement riches de sens, mais à la lisibilité très difficile. Dans le but de produire de nouveaux déroulés orthophotographiques de qualité supérieure, des fonds nous ont été octroyés pour l'année académique 2013-2014 par l'American Research Center in Egypt et le National Endowment for the Humanities. Fondé sur l'étude des scènes principales des colonnes, l'objectif de notre projet est donc triple: (1) mieux cerner la hiérarchisation du panthéon égyptien, par l'analyse du choix des divinités représentées et de leur disposition dans la salle; (2) approfondir nos connaissances sur les rites qui se déroulaient dans ce lieu sacré; (3) mettre davantage en lumière le rôle joué par le roi dans le cadre de ces cérémonies. Dans une perspective plus large, le projet a pour objectif d'appréhender une société antique dans toute sa complexité et d'en saisir la profonde originalité, à travers l'étude d'une de ses réalisations les plus marquantes. Sur le plan méthodologique, il s'agit essentiellement de trouver de nouvelles manières de comprendre, d'organiser et d'intégrer les connaissances mises à contribution par l'informatique pour la reconstitution de sites archéologiques anciens. Ce dernier aspect est particulièrement important, du fait de l'état excessivement fragile de cet ensemble patrimonial unique en son genre, exposé à l'usure du temps et à la très haute fréquentation du lieu par les hommes.

• Exploitation photo- et lasergrammétrique des colonnes de la grande salle hypostyle de Karnak: étude du programme décoratif et architectural d'un temple de l'Égypte pharaonique (CRSH - Subvention ordinaire de recherche, 2010-2014 ; 94 908 $)

  Le projet vise à mettre à contribution des techniques fondées sur le scan 3D et la photogrammétrie, dans le but d'étudier les 134 colonnes érigées à l'intérieur de la grande salle hypostyle du temple égyptien de Karnak. Bien qu'inscrite sur la liste du patrimoine mondial de l'UNESCO, cette salle, d'une superficie impressionnante et l'une des plus visitées de la planète, n'avait paradoxalement jamais fait l'objet d'un relevé et d'une étude complets. Au terme d'un travail en laboratoire et de deux missions épigraphiques conduites conjointement sur le terrain par l'UQAM et l'Université de Memphis, nous sommes aujourd'hui en mesure: (1) de bénéficier d'une lecture très nettement améliorée des innombrables inscriptions qui ornent les colonnes de la salle, grâce au concours inestimable de la photogrammétrie et aux conditions idéales de collationnement des textes sur place; (2) d'établir une chronologie extrêmement plus fine et détaillée des états successifs de décoration de ces colonnes; (3) de saisir avec beaucoup plus d'acuité l'agencement spatial du répertoire des inscriptions dans son ensemble, et d'établir un rapport entre le décor des colonnes et celui des monuments à proximité. En se fondant sur un cas d'étude excessivement complexe, ce projet a jeté des bases solides de collaboration avec des équipes internationales et a permis de vérifier le bien-fondé d'une démarche méthodologique intégrant l'apport de l'ordinateur pour répondre à des questionnements propres aux sciences humaines.

• La Stèle «de l'Intronisation» du souverain napatéen Aspalta (VIe siècle avant J.-C.): ethnicité et identités culturelles dans un royaume africain situé aux confins de l'Égypte pharaonique (Fonds québécois de la recherche sur la société et la culture (FQRSC) - Programme d'établissement de nouveaux professeurs-chercheurs, 2008-2012 ; 39 596 $)

  Le projet de recherche étudie le phénomène d'acculturation dans une société africaine de l'Antiquité, exposée de longue date à une culture de l'écriture et non pas la moindre, puisqu'il s'agit en l'occurrence de l'Égypte pharaonique. Au coeur du débat sont les mécanismes culturels d'appropriation et de désappropriation de certains groupes ethniques, notamment en ce qui concerne les processus de traduction et de réécriture qui déterminent la perception de soi et de l'autre. À travers l'étude synchronique et diachronique d'un document majeur, à savoir la stèle «de l'Intronisation» du roi napatéen Aspalta (un souverain important qui vécut dans le royaume de Kouch vers le milieu du premier millénaire avant J.-C.), nous sommes parvenu à mieux comprendre comment un peuple à tradition orale a accueilli l'héritage d'une civilisation au riche passé et a intégré, puis adapté les valeurs politiques, religieuses et socio-culturelles de l'autre pour répondre à ses propres besoins.